Saviez-vous que le chien est le premier animal à avoir été domestiqué par l’homme ? Cette relation très particulière a débuté voici 15000 ans et n’a cessé de se transformer au gré des besoins de l’homme.
Les différents rôles joués par le chien au fil du temps témoignent surtout de sa très grande capacité d’adaptation. Le chien a d’abord été exploité par l’homme à des fins utilitaires. Le chien chassait le gibier, protégeait l’homme, tirait et portait de lourdes charges. Excepté la noblesse, nul ne nourrissait son chien pour le bon plaisir d’en être le propriétaire. Aujourd’hui, en revanche, le rôle joué par le chien est essentiellement social. Le chien est devenu, dans notre société, un véritable acteur social. Son rôle consiste à apporter à l’homme réconfort émotionnel voire même soutien thérapeutique. Le chien peut ainsi endosser plusieurs rôles : compagnon de jeux pour un enfant unique, confident pour une personne isolée, substitut d’enfant pour des adultes en mal de progéniture voire médiateur de couple en crise. Il sert parfois aussi de « faire-valoir », d’ objet de valorisation personnelle comme en attestent la multiplication des concours de beauté, de compétitions d’obéissance et de mordant et l’apparition de nouvelles races « rares » et convoitées. Mais le rôle du chien « se professionnalise » également dans différents secteurs. Le chien est aujourd’hui formé par des spécialistes et se voit confier des missions hautement qualifiées dans le domaine de l’aide à la personne porteuse de handicap physique, autiste, épileptique, hypoglycémique ou allergique par exemple.
Si, comme le démontre son évolution tout au long de l’histoire de l’homme, le chien a pu s’adapter avec beaucoup de réussite aux différents projets de son compagnon de toujours, il n’en reste pas moins qu’il a, aujourd’hui, à surmonter quantité de difficultés parfois dommageables pour lui.
Le chien d’aujourd’hui doit généralement rester seul trop longtemps. Il doit aussi rester tranquille alors qu’il est souvent soumis à trop de stimulations et d’excitation dans les interactions avec sa famille d’adoption. En outre, le chien manque de plus en plus de repères. Les changements d’environnement, de rythme se multiplient de manière exponentielle : déménagement, séparation, alternance de la présence des enfants 1 semaine sur 2, changement de travail, horaires variables. Malheureusement, le chien est également de plus en plus bridé dans l’expression de ses besoins. Les échanges avec ses congénères se raréfient et s’opèrent avec trop peu de liberté. Le chien est la plupart du temps tenu en laisse. Le maitre l’empêche presque systématiquement de renifler le derrière des autres chiens alors même que ces modalités font partie intégrante d’un mode de communication propre au règne animal. Mais la gêne et l’incompréhension des humains entravent trop souvent les nécessaires interactions entre les chiens et perturbent profondément l’équilibre de leurs compagnons.
Cette profonde inadéquation entre le mode de vie imposé par l’homme à son compagnon et les besoins réels du chien va être à l’origine de graves troubles comportementaux. Penser qu’il s’agit d’un manque d’obéissance risquerait à tous les coups d’aggraver les problèmes rencontrés dans pareilles situations.
Christiane Reniers
Educateur canin, comportementaliste, naturopathe